Il y a un an, bien loin de cette situation de confinement, bien loin de cette folie tirée des films catastrophes, bien loin de cette psychose qui s’empare des Français, j’usais mes souliers et crapahutais paisiblement à Pétra. Choquée par les comportements observés ces derniers jours, j’ai besoin de penser à autre chose, de m’évader, ainsi ai-je décidé de vous emmener à Pétra, une incroyable cité antique qui à connue ses heures de gloire au temps des Nabatéens avant de tomber aux mains des Romains et de sombrer dans l’oubli. Redécouverte au 19ème siècle par un explorateur suisse, bien qu’encore enfouie à plus de 85% sous le sable, elle est aujourd’hui l’une des sept merveilles du monde moderne. En mars 2019, je la découvre pendant près trois jours et parcours presque 70km sur un terrain accidenté et vertigineux.

Mon Jordan pass tamponné, il est l’heure de partir à la conquête de celle que l’on surnomme la cité rose. Les premiers 800 mètres sont l’occasion de découvrir les premiers édifices, des tombaux. Ce chemin conduit jusqu’à l’entrée de l’incroyable Siq long de 1,2 km. Je n’ai jamais fréquenté un lieu comme celui-ci, certains passages permettant d’assurer autrefois la défense de la cité, y sont très étroits et ombragés, je me sens minuscule face à cette roche qui n’arrête pas de changer de couleur. Ici mieux vaut tendre l’oreille et marcher sur un côté, le balai des carrioles utilisé pour transporter des personnes âgées et/ou des marcheurs en difficulté (voire des touristes pressés) est incessant, certains cavaliers trottent à vive allure.

J’entends de plus en plus de bruit, je ne suis plus très loin, je sais qu’il est là à quelques pas, je continue d’avancer lentement, je commence à l’entrevoir et puis le trésor se dévoile, Al Khazneh.
Au milieu de la foule présente en masse en ce début d’après-midi, à proximité de Jack Sparrow qui déambule avec ces dromadaires dans une cacophonie ahurissante, je contemple ce travail d’orfèvre, cet édifice finement sculpté dans cette paroi rocheuse est impressionnant, une fois de plus la beauté de l’orient me transporte hors du temps.

Alors que nombreux touristes se bousculent sur des marches vertigineuses pour accéder au plus célèbre point de vue de Petra via le sentier Al-Khubtha, je décide d’avancer au plat au milieu des chameliers et découvre l’étendue du site, c’est immense, je ne sais où donner de la tête, j’avance sur ce sol poussiéreux en direction des tombaux royaux qui font face à l’amphithéâtre.

Je suis venue pour le trésor mais c’est bel et bien le monastère dont on ne parle jamais qui m’a coupé la chique. Al Deir, perché en haut de la montagne, à plus de 10km de l’entrée du site, il mérite le déplacement. Les 800 marches à gravir en fin de parcours ne sont pas spécialement raides, ce qui n’empêche pas certaines pinbêches qui visiblement ne possèdent ni cerveau ni jambe, de grimper à dos d’âne. Ces malheureux cadichons ont la vie dure, la plupart d’entre eux transportent des touristes et se prennent des coups de bâton toute la journée.

Au sommet, bien qu’un petit bar soit installé en face du monastère, le silence est d’or, en cette froide journée le vent balaye les touristes mais ne m’empêche pas de savourer un thé face à la merveille. Les environs sont époustouflants, les vues sur les montagnes et sur le canyon sont grandioses. Plusieurs panneaux indiquent la « best view on the world », mais il m’est difficile de choisir ma préférée face à la beauté des lieux.
Découvrir Pétra c’est aussi repousser ses limites, se demander si l’on arrivera à bout de ce sentier que peu de personnes empruntent, celui du wadi farasa. Nombreux sont ceux qui décide de faire l’aller-retour jusqu’au haut lieu du sacrifice sans l’emprunter, nombreux ont été ceux qui ont pensé que j’étais trop enrobée et que je n’y arriverai pas en commençant par ce bédouin qui m’a suivi tout au long du trajet en s’imaginant que je finirai par grimper sur son âne. Il était parfois devant moi, un peu comme s’il voulait me montrer le chemin, me présenter les plus beaux points de vue, et parfois derrière moi prêt à accourir en cas de besoin sur ce sentier escarpé. En fin de parcours, il viendra saluer mes efforts, des efforts largement récompensés par une vue spectaculaire et par la découverte entre autres du temple au jardin et du temple du soldat.
