Pendant l’hiver qui s’accompagne généralement d’une météo capricieuse, on cherche à s’occuper, à s’abriter ou à voyager au soleil. Ainsi pour m’évader un peu le temps d’un week-end, je décide de retourner dans le Parc National de la Brenne pour la (re)découvrir depuis ses nombreux observatoires.
Retourner dans cette Brenne complètement meurtrie par la canicule de l’été dernier, c’était lui laisser l’opportunité de me montrer un autre visage, celle d’une région verte et détrempée où les étangs Ricot et Gabrière ne sont plus à sec, celle où l’on arpente sans trop rechigner les chemins boueux sous la pluie et le froid, celle qui récompense notre patience et nous fait découvrir de nouvelles espèces, celle qui nous transporte et nous fait oublier la notion du temps.
Les grues sont parties il y a peu mais de nombreux oiseaux sont toujours présents sur les différents sites. Les mouettes rieuses en nombre assurent le spectacle au milieu des petits grèbes huppé, bergeronnettes grise, fuligules morillon, souchets, colverts, cygnes, cormorans, pic, mésanges, vanneaux, foulques macroule, sarcelles d’hiver, tadornes et tant d’autres que je ne sais pas encore identifier. Une cistude profitant d’un léger rayon de soleil prend également la pose dans son bassin à la maison de la nature. Les grenouilles et ragondins répondent également présents tout comme des chevreuils échappés des forêts à la recherche d’herbe fraiche.

Mes préférés, les grands échassiers se promènent souvent en groupe dans les champs et finissent toujours par revenir vers un point d’eau. Pendant le séjour je les observerais notamment du coté des étangs Massé ou le long de la D15 en direction du charmant village de Mézières.



Et puis la Brenne, c’est aussi la rencontre avec l’inattendu sur le site des Essarts.
Jour 1 – Milieu d’après-midi : Deux oiseaux blancs endormis me tournent le dos, je ne suis pas capable de les identifier.
Jour 2 – Début d’après midi : A peine ai-je franchi la porte de l’observatoire qu’une dame s’esclaffe « Venez vite, regardez il y a des spatules ». Je rencontre pour la première fois cette divinité à bec long en totale liberté, elles sont quatre. Le temps de tourner la tête, deux d’entre elles se volatiliseront. Les autres vont entrer en sieste, une très longue sieste pendant laquelle elles ne vont pas bouger d’un iota, le froid finira par me faire partir..
Jour 3 – Dans la matinée : Il fait beau aujourd’hui mais le site est contre exposé le matin et aucune spatule n’est visible à l’horizon
Jour 4 – Il n’est pas loin de midi : Me voici installée en me demandant si les spatules vont venir aujourd’hui affronter cet abominable vent…
Quinze minutes plus tard, j’aperçois au loin un groupe d’oiseaux au plumage blanc.
Vers 12H30, je commence à distinguer les spatules des aigrettes, elles sont là !
Vers 13h sans doute, je farfouille quelques secondes dans mon sac et elles en profitent pour se rapprocher et manger à l’abri, elles sont huit.
Dès lors, le temps s’arrête, après le repas, c’est le moment de jouer, de se chamailler, de battre des ailes et de papoter. Une première s’envole vers le spot de sieste qui n’est ni plus ni moins qu’un minuscule ilot au milieu de l’étang, elle décide de ne pas s’installer et retourne voir ses congénères. Une seconde fait de même. Mais que font elles ? Sont elles en train de tester la résistance au vent ? Sont elles en train d’estimer le nombre de places disponibles ? Et puis soudain, comme une course à la chaise musicale, les huit spatules suivies de quelques canards s’envolent pour tenter d’accrocher ce minuscule bout de terre. Seule quatre y trouveront place mais elles ne resteront pas longtemps, elles aussi repartiront au loin.

La Brenne, un petit coin de France paisible et naturel où il me tarde déjà de revenir…